(Re) naissance : le pin sylvestre de Palmer

© Aline Chambras

Depuis le 12 avril, le célèbre pin couché de Palmer a de la compagnie : aux pieds de sa souche, un jeune pin sylvestre a été planté. Un projet artistique porté et imaginé par Anne-Laure Boyer.

 

Il fait froid mais beau en cette matinée du 12 avril. Dans la benne d’une camionnette de la Ville de Cenon, le nouvel habitant du parc Palmer attend sa mise en terre. C’est un pin sylvestre d’une dizaine d’années, « un beau sujet », comme le présente Clément Rubin, l’un des membres de l’équipe de jardiniers de la Ville de Cenon, venue piloter la plantation. A leurs côtés, l’artiste-plasticienne Anne-Laure Boyer assiste à la scène, à la fois heureuse et incrédule.

 

Nourri pêle-mêle de ses réflexions sur la mort, les cimetières écologiques, la sanctuarisation ou le cycle de la vie, son projet, né dès 2019, prend donc enfin racine : aujourd’hui, une nouvelle vie est offerte à la souche la plus célèbre de la Rive Droite. L’immense pin parasol tombé sous les bourrasques, en avril 2012, à l’âge de 140 ans, sculpté ensuite par l’artiste Mier en 2014, et consacré depuis terrain de jeu, totem, banc ou ligne d’horizon, se dote désormais d’un rôle nourricier : à lui de subvenir aux besoins de la nouvelle pousse via sa décomposition. Cette création paysagère qui creuse la question du renouveau et de la renaissance est une étape supplémentaire dans la démarche artistique qu’Anne-Laure Boyer défend depuis toujours. A savoir un travail sur les notions de « transformation et de métamorphose » comme celui mené avec l’installation L’Appartement pendant la première édition de la Nuit verte de panOramas en 2010 ou avec sa proposition Jardin secrets, une cartographie décalée du parc des Coteaux pour l’édition 2014.

 

Bien sûr, la crise sanitaire, l’annulation de la Nuit Verte et les confinements à répétition ont obligé la jeune femme à composer un projet finalement différent de celui qu’elle avait imaginé initialement. Elle a dû ainsi abandonner l’idée d’installer une barque « encastrée » dans la souche. Renoncer à mener des temps collectifs de plantation de fleurs, arbustes ou autres plantes autour de la souche. Ou encore accepter que le public ne puisse être in fine invité à assister à la plantation de ce pin sylvestre qu’elle a choisi il y a quelques semaines dans une pépinière de Castets en Dordogne. Des concessions frustrantes, elle le concède.

 

Et c’est donc sans public et sans cérémonie, ou presque, que le jeune pin sylvestre a rejoint la vieille souche. Car le pin couché a ses aficionados. Comme Christine venue de Bordeaux-centre, des pieds de jasmin blanc odorant et de violette en poche. Christine est une adepte de panOramas, du parc des Coteaux et des Marches. Coup de chance, elle a croisé Anne-Laure Boyer la veille au jardin public. Et a appris que la plantation du pin aurait lieu à huis-clos ce 12 avril. Elle n’aurait raté ça pour rien au monde.

 

Aline Chambras

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