Eric Blosse, la poésie dans la lumière

Artiste résident du Quartier Général de panOramas 2020, Eric Blosse s’attelle depuis l’annulation de la Nuit Verte à trouver une nouvelle forme à son projet Haut Plateau. Le 20 octobre, il animait un atelier pour les enfants du centre de loisirs de Cenon. Reportage et rencontre.

Ils sont une petite dizaine d’élèves de CE1 et de CE2, massés devant le projecteur, dans la petite salle du QG où se tient l’atelier. Un fouillis d’ampoules, de câbles, de réflecteurs et autres « restes » de spectacles à leurs pieds. Devant eux, sur la toile blanche tendue contre le mur, Eric Blosse joue des ombres de couleurs avec sa main. Créateur lumière pour la danse, le théâtre, les installations, la musique contemporaine, l’opéra, les performances et événements depuis près de 40 ans, il a l’art d’expliquer et de transmettre, patient et posé, ce qui se trame dans ces histoires de rétine, de vision et d’énergie.
Avant d’inviter les enfants à essayer eux-mêmes ces étranges jeux de reflets. Ce qu’ils font sans rechigner.

C’est l’heure du goûter, offert par le QG. Le temps pour Eric Blosse de revenir sur son projet Haut Plateau, initialement prévu pour la Nuit Verte. A l’origine, cette création, imaginée sous la forme d’une installation monumentale, devait se déployer dans le parc Palmer. Avec comme personnage principal, et comme fil directeur, les plateaux marocains en cuivre. Et en filigrane les déplacements et la lumière.

« Au départ, il y a un trajet. Celui du cuivre extrait dans le Haut Atlas, puis transporté à Fès pour y être transformé en plateau.
C’est le premier trajet. Il y en a ensuite beaucoup d’autres et c’est ce que je voulais questionner. « 

Je pensais à une œuvre nourrie de tous ces déplacements, du prêt de nombreux plateaux, du partage des ces multiples histoires et souvenirs, que portent ces plateaux, comme ces déplacements. Pour le dire autrement, mon projet consistait à mettre en jeu les corps et les regards via un déplacement des lignes, des liens qui relient ce qui est en présence, ce qui est en lumière, ce qui est à vue, ce qui est à portée de regard, » explique posément Eric Blosse.

En mars 2020, juste avant le début de la crise sanitaire, il avait d’ailleurs commencé à se mettre lui-même en mouvement en installant sur la place du marché de Cenon, son sténopé : dans cette grosse boîte, percée d’un trou, l’artiste invitait les passants à entrer. « C’est comme se retrouver à l’intérieur d’un appareil photo. On peut y observer le phénomène de la lumière qui transporte l’image », raconte Eric Blosse. «Je m’en servais aussi comme d’un embrayeur de conversations, pour parler avec les gens de mon projet Haut Plateau », précise-t-il.

Mais le 17 mars, le premier confinement est décrété : Eric Blosse range son sténopé, annule ses ateliers et apprend, en juin, que la Nuit Verte n’aura finalement pas lieu. Heureusement, il fait parti des artistes dont panOramas maintient la commande. Alors, depuis cet été, il réfléchit à « comment  réinventer le projet Haut Plateau à la fois dans sa forme et son ancrage géographique ». « C’est compliqué de se sortir d’une idée pour en élaborer une autre », souffle-t-il. Mais il ne baisse pas les bras et tire les fils, forcément lumineux, d’une nouvelle histoire, qui devrait voir le jour au printemps 2021.

Car, c’est acté, Haut Plateau sera activé en avril et mai 2021, et démultiplié dans quatre lieux : à Lormont, les 13 et 16 avril ; à Floirac, les 20 et 23 avril ; à Bassens, les 19 et 22 mai et à Cenon, les 26 et 29 mai.

Reportage, photos et entretien réalisés par Aline Chambras.

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